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Les croquettes c’est le maaaaaal

by in Nutrition 28 janvier 2024

Les discussions autour de l’alimentation des animaux de compagnie sont souvent le terrain fertile de nombreuses idées fausses. Des théories farfelues sur les croquettes vétérinaires, les taux de glucides, l’ENA, les cendres et les protéines circulent, semant la confusion. Dans cet article, nous allons rapidement explorer ces notions et les démystifier, car, soyons honnêtes, si c’était simple, cela se saurait.Comme le précédent article, là aussi ça va être du débunkage de fausses idées. Et du coup, vous êtes vraiment prêts à lire tout ça ? Alors c’est parti.

Les protéines

Pas mal de choses à dire là dessus.

Déjà c’est pas “plus y’en a sur le paquet mieux c’est”. Non, rien qu’en terme de qualité de la protéine (le RPP dont je vous parlerai dans un autre article plus en détail), ça compte. Comme pas mal de trucs, c’est pas plus y’en a et mieux c’est. C’est plutôt, plus la protéine est bonne et plus la croquette va être qualitative. Parce que c’est bien de ça que l’on parle là, de qualité et pas de quantité. Je préfère manger 100g de chocolat Jeff de Bruges qu’un kilo de Kinder. Ben là c’est pareil.

La qualité de la protéine va être définie par ce qu’elle apporte en acides aminés car oui, l’animal ne veut pas avoir plein de protéines, lui ce qu’il veut c’est avoir le nécessaire pour construire (ou entretenir) son petit corps de rêve. Et c’est là que ça devient intéressant. Il faut que l’alimentation contienne toutes les petites briques de Legos nécessaires à l’animal et ces briques ce sont les acides aminés qui constituent les protéines.

Sauf que s’il a une pathologie, c’est peut être pas la protéine qui va tout faire, et même que parfois il faudra en donner moins mais il y aura alors surement un “complément” qui comblera les besoins sans avoir le résultat de la fermentation des protéines ou de l’élimination de l’urée par les reins… comme avec les fameux hydrolysats de protéines (et là on dit merci les croquettes vétos qui elles, ont la compétence pour le faire). On pourrait y passer des heures sur la protéine alors on passe à la suite ?

Les cendres

Ahhh les cendres. J’en ai entendu pas mal là dessus.

Petits exemples ? “l’équarrissage (incinération d’animaux impropres à la consommation) – donc les animaux en cendres – finissent dans les croquettes, donc les croquettes, c’est des animaux qu’on fait manger à d’autres animaux”. On est pas des animaux ? Si il me semble…On mange pas d’autres animaux ? genre cochon, vache, cheval, poulet…Si il me semble aussi. Alors c’est faux évidemment hein, mais si ça l’était, ça serait vraiment l’hôpital qui se fout de la charité de s’offusquer d’un truc pareil.

Deuxième exemple : “c’est des cendres d’os brûlés ajoutées dans l’alimentation parce que ça coûte trop cher de mettre d’autres ingrédients” Ppfff je sais même pas quoi répondre à celle-là.

En résumé, les cendres sont des minéraux (magnésium, calcium, phosphore…) qui restent une fois que l’on brûle une croquette (à des fins d’analyse). Pour les eaux minérales, on appelle ça les “résidus secs” et vous conviendrez avec moi qu’il n’y a pas d’os brûlés dans votre bouteille d’eau !

Par contre, on est d’accord qu’un fort taux de cendres peut renseigner sur la qualité  (médiocre ou non) de la matière première (source de protéines)  utilisée, ça oui, je vous l’accorde.

Les glucides (ou “le diable incarné”)

Les glucides, alors ça ça fait parler pas mal que ça soit sur le net ou ailleurs (calculateurs et tableaux qui ne se basent sur rien d’autre que ça, cette phrase est pour vous).

Bon alors déjà, les glucides c’est une des bases de la constitution de nos boules de poil.

Alerte : les glucides y’en a plein et c’est une grande famille bien complexe (d’où ma flemme de tout vous expliquer ici).

Je vous ai perdu ? Je vous avais prévenu. Et vous savez ce qu’on ne voit pas dans ce tableau ? Ceux qui sont digestibles et non digestibles. Et vous savez ce qu’on ne voit pas non plus ? Si les fibres sont solubles ou insolubles.

Alors non, dire juste “y’a trop de glucides et c’est pas bon pour Toutou” (ou Minou) ben non, c’est clairement une méconnaissance totale du sujet. Et dire “je ne donnerai pas de sucre à mon animal!” c’est aussi un peu réducteur…

Il faut bien comprendre que tout ce qui n’est pas une protéine ou un lipide, est un glucide. Vous adorez les chondroprotecteurs pour soulager les articulations de vos boules de poils ? Scoop : ce sont des glucides !

Ce qui nous amène à une méthode de calcul bien répandue mais pas fiable car très approximative : la méthode de Weende.

Le taux d’ENA (c’est quoi encore cette horreur !)

Le taux d’Extractifs Non Azoté (ENA) est obtenu grâce à une méthode à priori simple : 

100 – % Protéines – % Lipides – % Cendres – % Cellulose (fibres) – % Humidité

SAUF que grâce à cette méthode, vous obtenez l’ENA qui va inclure l’amidon et les fibres solubles.

Le taux de protéines estimé est approximatif, le taux de lipides aussi, le taux de cendres idem et c’est pareil pour les fibres et l’humidité. Vous vous retrouvez donc avec une estimation d’estimation elle même pas très précise…. 

De plus (oui sinon ça serait pas drôle), les données de certains constituants analytiques (genre le phosphore et le calcium) qui sont sur le paquet sont en général de la théorie. Il existe une marge d’erreur de tenez vous bien…(roulement de tambour) 30% ! Et du coup, difficile de s’y retrouver, je le conçois.

Je vous parlerai de l’amidon dans un autre article parce qu’il y a pas mal à dire la dessus aussi. En attendant, on a bien vu que la simple lecture des constituants analytiques d’un paquet de croquettes (ou de pâtée) ne suffit clairement pas à se faire une idée sur la qualité du produit.

Si jamais votre animal souffre d’une pathologie particulière, ne jouez pas aux apprentis sorciers et ne changez pas l’alimentation par vous-même, parlez- en plutôt à votre vétérinaire nutritionniste. Si c’est juste de la prévention par contre, je peux vous aider à y voir plus clair et ça se passe ici !

Bonne journée et vive les z’animos !